1. Qui t'a progressivement entraîné à lâcher la peinture pour aller à la photographie?
Plutôt que de m'acheter un vélo-moteur, j'ai profité de l'argent de mes jobs d'été pour m'acheter mon Yashica FR1. C'était en 1978. J'étais encore au collège à Payerne et je venais de finir les cours de labo photo. Ensuite ce sont les copines, puis les copines des copines qui acceptaient ou me demandaient de les prendre en photo. Et comme je n'avais plus de labo depuis la fin de l'école, je ne photographiais quasi qu'en couleur. La pellicule et le développement me coûtaient cher, mais la passion était déjà là. Et, surtout les plus belles femmes de la région défilaient devant mon objectif. Ce sont elles qui, par leur patience et leur présence, m'ont permis de sans cesse m'améliorer.
Quelques années plus tard, ces mêmes amies sont revenues me charger du reportage de leur mariage... Il y en avait de plus en plus. Puis Jean-Claude Juriens, photographe et fils de photographe, ayant pignon sur rue dans la capitale broyarde, m'a offert l'opportunité, tout en me faisant bénéficier de ses conseils et expériences, de réaliser régulièrement des reportages de mariage quand il n'arrivait pas à se dédoubler.
2. C'est l'actualité dans ton travail de journaliste qui t'a empêché de continuer les mariages?
C'est ainsi qu'en 1987 je me suis offert mon premier Nikon. Le F401 faisait tout plus facilement que mon premier boîtier et surtout l'ajout du flash SB24 a été pour moi une vraie révolution. J'ai gardé ce F401 quelques années comme second boîtier après avoir acheté le F801. Légendaire.C'est à cette période également que j'ai fait mes premiers papiers et reportages photo pour le journal de district Le Journal de Payerne. Avec ces piges, j'avais accès à nouveau à un laboratoire et je me suis remis au noir et blanc. En 1991, ce journal m'a offert la possibilité d'y effectuer mon stage de formation et d'accéder au métier de journaliste RP. Une période formidable où on est amené à fournir des photos dans n'importe quelle condition. Par exemple photographier un cortège nocturne d'enfants sous une neige humide et continuer par l'ambiance d'un bar surpeuplé. La buée se dépose instantanément sur et entre les lentilles dès qu'on a franchi la porte... Matches de boxe, Championnat mondial de motocross, etc. Cette période m'a aussi donné la chance de côtoyer de vrais pros de la photo. Les photographes attitrés des journaux régionaux, ceux des agences. Tous avaient des petites astuces ou de grands conseils qui m'ont servi et me servent encore.
3. Davantage créatif?
Vers le numérique à contre-coeur
C'est en 1994 que je me suis mis à l'informatique. Premier pas sur Photoshop (il fallait numériser les tirages), sur Illustrator et sur QuarkXPress. Très vite j'ai pu éditer La Tribune du Centre-Ville de l'Association des habitants et amis du Centre-Ville d'Yverdon-les-Bains, puis Le Petit Yverdonnois, tout en travaillant comme graphiste et polygraphe. Mais au niveau privé ça s'est terminé par une rupture douloureuse. C'est ainsi que je suis revenu au Journal de Payerne, puis comme rédacteur en chef au Républicain d'Estavayer-le-Lac (où enfin il y avait un scanner à négatifs). Et toujours mon fidèle et increvable F801 à mes côtés.
Cet appareil m'a suivi jusqu'en 2007 quand un con, ou une conne, a dévalisé ma voiture et volé tout mon matériel photo. J'ai donc acheté un kit. L'EOS 305d ; pas mal pour l'époque, (c'est aussi le seul appareil que je pouvais m'offrir avec mes faibles moyens d'artiste) mais pas de flash efficace qui me donne envie de continuer d'investir dans la marque Canon. Néanmoins cet appareil m'a permis de faire mes premiers pas avec les boîtiers numériques. J'ai tout de même rapidement acheté un Nikon D90, puis le D7100 qui m'a suivi jusqu'à dernièrement quand je me suis équipé d'un D5 et d'un D850. Le matériel actuel permet enfin de s'exprimer en photo sans être freiné par la technique. C'est donc pour donner la priorité à la créativité que j'ai investi.